La question mérite d'être posée pour qui connaît les « oeuvres » de Cy Twombly (pour ma part un illustre inconnu jusqu'à aujourd'hui). Cette histoire grotesque pourrait être digne du grand
Salvador Dali qui se moquait tant des critiques en ayant pourtant, lui, du génie... Voilà une jeune femme, ayant mis du rouge à
lèvres, qui embrasse une toile dans une exposition à Avignon et qui va laisser les traces de ses lèvres sur un « tableau » vierge, tout blanc, enfin,... Ce que l'on dit être un tableau ! Mais qui est donc le sieur Cy Twombly ? Et pourquoi un tel esclandre ? Coup de
pub ou profanation d'oeuvre d'art ? Là est la question !... Essayons d'y voir plus clair. Cy Twombly est né en 1928 à Lexington en
Virginie. Il fréquente l'avant-garde artistique new-yorkaise, bien pauvre de génies au demeurant, puis voyage en
Europe et en
Afrique. C'est à New York qu'il expose ses premières réalisations en 1953... Il faut bien que l'
Amérique ait aussi ses peintres. Il part ensuite en
Italie puis ses dessins sont exposés au
Centre Georges Pompidou en 2004, on ne sait pas pourquoi, par
amitié franco-américaine sans doute. Est-il mondialement connu ou pas ? Non, pas du tout. Toujours est-il qu'il finit par exposer des toiles dans la petite ville française d'Avignon... Après tout pourquoi pas si c'était pour relancer sa carrière ? On peut se dire que si l'artiste est si doué, pourquoi venir exposer ses toiles à Avignon, et pas à
Paris, à
Londres, à
New York, à
Tokyo, à
Rome, à
Moscou, à
Sydney ou à
Pékin,
Rio et
Mexico ? Ne voilà-t-il pas qu'une petite fofolle cambodgienne,
amoureuse peut-être secrètement de « l'artiste », vient à embrasser une toile toute blanche du « Triptyque consacré au Phèdre de Platon » (sic !)... Malheur ! « Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? » (ça, c'est Le Cid mais après tout,
Corneille,
Platon, maintenant depuis que je connais Twombly, tout est kif kif bourik). Les lèvres de la petite ont souillé l'oeuvre toute blanche, immaculée conception ou peut-être son symbole... On se perd en conjectures mais c'est l'effroi chez les
collectionneurs et les organisateurs de la galerie ! Comment le « maître » va-t-il prendre la chose ? L'oeuvre est IRREMEDIABLEMENT dégradée... Vous pensez bien ! « Le blanc, c'est le blanc ! Plus blanc que blanc, y'a pas ! Ca n'existe pas comme couleur » disait un grand artiste,
Coluche en l'occurrence. Mais revenons à l'affaire... La petite Rindy Sam a donc violé une oeuvre d'art. Inconnue des « experts de l'art », elle a affirmé que son geste était « artistique ». On ne sait rien d'elle, pas plus du Maître en question, sauf qu'il a réalisé quelques gribouillages par ci, par là, et a été encensé par quelques galeristes... Drôle d'histoire en vérité ! Ils disent de lui que c'est « une oeuvre à part », se développant en marge des courants de l'art américain et qu'il « s'organise en de vastes cycles qui s'alternent » (ben voyons !). Son « oeuvre » n'est pas illustratrice, ni abstraite (donc elle n'est pas : NDLR). « Elle reste en retrait des débats concernant la figure, ce qui constitue un apparent paradoxe formel ». Si l'on en croit Pierre Restany, un célèbre critique d'art
mort en 2003 : « son graphisme est poésie, reportage, geste furtif, défoulement sexuel,
écriture automatique, affirmation de soi et refus, aussi... Il n'y a ni syntaxe ni logique, mais un frémissement de l'être, un murmure qui va jusqu'au fond des choses. »... (sans blague : NDLR). Pire encore, Roland Barthes, le célèbre sémiologue français, animateur de l'aventure structuraliste et sémiotique française, dira de Twombly : « la matière va montrer son essence, nous montrer la certitude de son nom : c'est du crayon ». ( chapeau bas, j'n'aurais pas fait mieux !). Il faut savoir qu'être sémiologue, c'est être un scientifique qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale... Bon, je veux bien creuser l'affaire mais franchement, je ne vois pas ce qu'il y a d'artistique dans l'oeuvre de Cy Twombly. Ce ne sont que gribouillages incohérents à l'image d'un Dali dans ses jours sombres... Mais revenons donc à la réalité... En fait, Twombly a surtout fait des
graffitis et des griffures qui se juxtaposaient à des lettres, des mots et des chiffres... Rien de révolutionnaire donc ni de nouveau. Il employait des crayons de
couleur et des pastels, comme les enfants, mais aussi des collages, comme les enfants également. Il a enfin recours à la
peinture dans les années 1990, mais elle reste très simple, se mélangeant aux dessins (si l'on peut appeler ça des dessins). Il paraît que cela constituera le sommet inédit de son art ! Tous les beaux-parleurs vont l'encenser comme Renaud Camus : « (...) La poésie plastique ne cesse jamais d'y être un frémissement (..) Elle est souffle, air, voyage, paysage et bruissement de feuillage, senteur de montagne en vue de la mer ». Avouez que lire de telles sornettes laisse pantois ! Reste que la demoiselle va peut-être avoir bien des ennuis pour avoir osé laisser les empreintes de ses lèvres sur une toile entièrement blanche. Le commissaire de l'exposition d'
Avignon a même employé les termes violents de « vandalisme et de viol d'oeuvre d'art ». Il a aussi évoqué « la propriété intellectuelle d'un artiste » (depuis quand le blanc est-il de l'art et depuis quand le blanc est-il une propriété ?). Il a également précisé que son artiste était « effondré »... Le pauvre ! Un p'tit coup de javel fera l'affaire ! Mais il paraît que c'est très grave parce que la toile, d'une blancheur immaculée (forcément s'il n'a rien fait dessus) fait partie d'un triptyque estimé à deux millions d'
euros. L'artiste s'est enveloppé dans sa douleur et a refusé de prolonger son exposition jusqu'au 30 septembre. L'emplacement de la toile abîmée qui a été religieusement transportée chez un expert, reste désespérément vide. Comme le
rouge à lèvres contient maintes substances, la toile blanche sera à jamais abîmée et dégradée... À moins qu'il la repeigne en noir. Si le blanc est la somme de toutes les couleurs, le noir est le noir, black is black, et le tour est joué... Déjà, plusieurs musées américains ont pris parti pour soutenir l'
artiste (américain). Face à de telles forces, Rindy Sam, 30 ans, sera jugée le 9 octobre. Pour sa défense, elle dira qu'il s'agissait d'un acte spontané devant une telle toile immaculée. Comme si la bêtise n'avait pas de bornes, il paraît que des
laboratoires de
cosmétiques ont révélé leurs secrets de fabrication pour aider à nettoyer le tableau et que même un service de la Nasa a proposé ses services pour le restaurer... Alors là, tout ça me dépasse désormais... Twombly aurait-il découvert le blanc absolu ? Dali ! Au secours ! Tu disais plein de bêtises mais toi au moins, tu savais peindre et toi, tu avais du génie !
Date de création : 16/08/2007 22:56
Contributions de Catherine

Rouge à lèvres
Il y a environ 6 mois, Aquadesign publiait cet article :
Je veux bien creuser l'affaire mais franchement, je ne vois pas ce qu'il y a d'artistique dans l'%u0153uvre de Cy Twombly. Ce ne sont que gribouillages incohérents à l'image d'un Dali dans ses jours sombres... Mais revenons donc à la réalité... "En fait, Twombly a surtout fait des graffitis et des griffures qui se juxtaposaient à des lettres, des mots et des chiffres... Rien de révolutionnaire donc ni de nouveau." Tu veux dire qu'un artiste qui ne révolutionne pas l'art justifie que ses toiles soient modifiées et abimées par des tiers? "Il employait des crayons de couleur et des pastels, comme les enfants, mais aussi des collages, comme les enfants également." > Tu ne doit pas connaitre grand chose à l'Art si pour toi utiliser des pastels ou faire des collages n'est pas digne d'un artiste... Seuls les gens qui n'ont aucune culture artistique pourront se laisser convaincre par ces "arguments"... je tenais à ce que l'auteur de l'article sache ce que j'en pense.