Voilà bien l'histoire d'usurpation d'identité la plus extraordinaire qui soit ! Passent encore
le Chevalier d'Eon,
la Papesse Jeanne ou encore
Frédéric Bourdin... Non ! Cette histoire dépasse l'entendement ! Car, comment
Jean-Claude Roman a-t-il pu se faire passer pour un médecin, membre de l'
Organisation Mondiale de la Santé (OMS), proche de
Bernard Kouchner, pendant 18 ans ?... En mentant à ses parents, sa femme, ses enfants, ses amis, sans que personne ne se doute de rien ? 18 ans, c'est long pour un tel mensonge, c'est long pour se cacher, s'inventer des alibis, réussir à avoir un train de vie digne de sa « profession » ! Revenons aux faits... Le 11 janvier 1993 aux alentours de 4 h du matin sont appelés les
pompiers pour éteindre un incendie à Prévessins-Moens dans le
département de l'Ain, à proximité de Genève. La découverte est macabre :
la famille Romand est décimée : la mère, Florence et les deux enfants Antoine, 5 ans et Caroline, 7 ans, sont morts carbonisés. Florence semble avoir reçu des coups sur la tête. Le père, Jean-Claude Romand, est dans le coma. Il faut dire qu'il avait accumulé quelque 2,5 millions de francs de
dettes envers sa belle-famille et ses propres parents. Mais ce n'est pas tout... Les gendarmes vont découvrir le lendemain les corps des parents de Jean-Claude Romand
morts, eux aussi, à leur domicile, tués par balles, à Clairvaux-les-Lacs (
Jura). Le chien aussi est mort. Jean-Claude Romand les a tués avec une carabine, le père d'abord, la mère ensuite, et
Le chien pour finir. Juste un peu avant, il avait tué sa femme et ses deux enfants... Très vite, les enquêteurs trouvent la cause de tous ces crimes. Jean-Claude Romand en est l'auteur avec une lettre compromettante trouvée dans sa voiture qui ne fait nul état de sa double-vie. Les
gendarmes ne sont qu'au début de leurs surprises quand ils découvrent que Jean-Claude Romand n'est absolument pas médecin (malgré quelques années d'études, il n'a jamais eu son diplôme) et qu'il est encore moins inscrit sur les listes du personnel de l'OMS... Ses « amis » tombent des nues dont un certain Marc Vital Durand, qui est bien médecin lui, et qui ne s'est jamais douté de rien... (soit ce n'était pas un ami, soit ce n'était pas un médecin !). Quoi qu'il en soit, Jean-Claude Romand a bien effectué sa première année de
médecine, et il a sans cesse redoublé la seconde, s'inscrivant pendant 12 ans sans poursuivre ses cours, étant toujours en 2me année. Pendant toute cette période, il prendra sa voiture, s'arrêtera sur un parking, lira quantité de revues scientifiques, se mettra ainsi au courant de l'actualité médicale, à tel point que tout le monde n'y verra que du feu, même sa femme pharmacienne et son ami médecin. Arrivé dans l'Ain, à la fin de ses « études », il se prétend chercheur pour l'OMS et a même le culot de participer à des colloques médicaux. Mais comment assurer le train de vie d'un médecin de renom me direz-vous ? Il le faut pour mentir à sa femme et à ses amis... Alors, il emprunte. Il emprunte à ses parents, à ses beaux-parents, à ses oncles pour des « placements » en
Suisse. Il récolte ainsi près de 2,5 millions de Francs non pour des
placements mais pour son train de vie et celui de son épouse. La situation ne peut plus durer car ses comptes sont en rouge. L'incroyable mensonge qu'il entretient depuis 18 ans va être dévoilé et ça, Jean-Claude Romand ne le supporte pas. Acculé, désespéré, Jean-Claude Romand extermine toute sa famille avant d'essayer de se donner la mort à l'aide de barbituriques périmés. Sauvé de justesse, il passe devant la cour le 25 juin 1996 où il avoue tout. Il tue d'abord sa femme Florence après l'avoir frappée avec un rouleau à pâtisserie (elle voulait téléphoner à la police, elle était en sang et il ne se souvient plus du reste). Ses deux enfants ont été tués avec une carabine chacun leur tour dans leur lit. Il prend ensuite sa voiture et se rend chez ses parents. Après le
déjeuner, il tue d'abord son père de deux balles de carabine puis c'est au tour de sa mère. Il vise ensuite le Labrador pour « l'envoyer auprès de sa fille », sa fille morte deux jours avant. Complètement perdu, il rejoint sa maîtresse qu'il épargne, après l'avoir menacée avec une bombe lacrymogène et l'avoir frappée, quand celle-ci évoque ses enfants disparus. Il la raccompagne sans mot dire. La nuit de l'incendie, il déambule dans la maison où gisent sa femme et ses enfants. Il asperge la maison d'essence, prend des barbituriques et allume l'incendie. Les psychiatres diront qu'il était tout à fait conscient au moment des faits. Le 2 juillet 1996, Jean-Claude Romand est condamné à la perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans. Alors bien sûr, on ne peut que se poser des questions : comment un homme, aussi habile soit-il, a-t-il pu mentir de la sorte aussi longtemps ? Comment sa femme, ses parents, ses amis n'ont-ils pu jamais rien soupçonné ? Comment prendre sa
voiture tous les matins et lire des
livres sur un parking pendant 18 ans pour acquérir un savoir pouvant rivaliser avec n'importe quel
médecin ? Comment, par peur de la faillite, de la justice, tuer les personnes qu'on aime le plus au monde ? Si vous voulez en savoir plus sur cette histoire morbide, fascinante et qui pose bien des questions, je vous conseille de lire « L'adversaire » d'Emmanuel Carrère.
Date de création : 19/12/2006 17:07
Contributions de Catherine

Jean-Claude Romand
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