Qu'est-ce que c'est que cette histoire et en quoi l'exécution de sergents à La Rochelle a-t-elle pu bien influencé l'histoire ? Eh bien détrompez-vous... Depuis l'exil de
Napoléon à
Sainte-Hélène, l'ambiance est morose en France d'autant plus que le vieux roi Louis XVIII avec tous ses kilos en trop, n'enthousiasme guère les foules. Les bourgeois, un peu perdus et sans repères, se déchirent entre ceux qui soutiennent le roi en place et ceux qui regrettent la Révolution ou même l'Empire. Il faut savoir qu'à cette époque, les bourgeois ont droit de parole depuis peu et que leurs voix comptent désormais dans les escarcelles politiques. Cependant la loi électorale très complexe de l'époque empêche les opinions politiques différentes de se faire entendre au Parlement. Les « libéraux » (le terme signifie complètement autre chose de nos jours) s'organisent donc différemment et choisissent l'option des organisations
secrètes, la plus importante étant la Charbonnerie. Cette organisation, d'inspiration italienne, doit son nom aux « carbonari » de
Naples, mais en
France, elle est surtout dirigée par des étudiants. Leur but est d'instaurer une vraie République, avec une assemblée constituante qui obéirait au peuple et rien qu'à lui. Cependant, entre ces doux intellectuels rêveurs et le peuple qui vit au quotidien la misère, il y a véritablement un fossé. Les revendications des « Charbonniers » laissent donc, dans les rues, tout le monde indifférent. En effet, le peuple en a assez des guerres et on peut le comprendre. Les Français dans leur grande majorité n'en ont cure d'une énième révolution et ils se moquent de la politique, des intellectuels et encore plus des intérêts de la bourgeoisie. Pourtant, la Charbonnerie compte dans ses rangs des personnes intelligentes et de bonne foi, ainsi que d'illustres savants comme Edgar Quinet par exemple ainsi que d'anciens officiers de la garde impériale, réduits malheureusement à l'inactivité. On y trouve aussi des républicains sincères ou de jeunes militaires, impatients de se faire reconnaître d'autant plus que le célèbre marquis de
La Fayette fait partie du mouvement. Même le prince Louis-Napoléon Bonaparte, futur
Napoléon III, n'échappe pas à la règle et sympathise avec le mouvement des Charbonniers. Celui-ci est très organisé d'ailleurs avec des groupes d'une vingtaine d'hommes répertoriés en « ventes particulières » qui obéissent aux « ventes centrales » qui obéissent aux « hautes ventes »... Qui était responsable des « hautes ventes », nul ne sait ! Bien vite, cet état dans l'état se manifeste dans des soulèvements à Belfort et à
Colmar ainsi qu'à
Saumur. Cette organisation secrète devient le point de mire de la police qui a arrêté un sergent, nommé Bories. Sous la torture, il donne le nom de ses amis, sergents eux aussi : Goubin, Pommier, Raoulx. Les quatre sergents sont guillotinés à
La Rochelle le 21 septembre 1822. Leur mort injuste émeut l'opinion et les journaux qui se rebellent contre le sort fait à de simples militants. Les artistes de l'époque prendront évidemment parti pour les martyres car n'oublions pas que nous sommes en pleine période romantique littéraire. Cette exécution alimentera durant des années, les écrivains et les peintres dans leur désir de justice jusqu'à aboutir à
la Révolution des Trois Glorieuses qui verra la déchéance de
Louis XVIII et l'avènement, pour une période de courte de durée, de la branche d'
Orléans avec Louis-Philippe 1er.
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